Le matériau amiante ou asbeste (définition) présente des propriétés remarquables :
Ces propriétés ont notamment inspiré Rabelais pour son éloge du pantagruelion ('Le feu qui tout devore, tout degaste, & consume: nettoye, purge, & blanchist ce seul Pantagruelion Carpasien Asbestin.') concluant son Tiers Livre.
Néanmoins ce n'est qu'au cours du XXème siècle que l'amiante a été employé intensivement dans la construction.
Revers de la médaille, l'amiante est une nuisance pour la santé. Les fibres dont il est constitué, invisibles à l'œil nu, se propagent par voie aérienne. Inhalées, elles sont susceptibles de provoquer le cancer des poumons ou le cancer de la plèvre (mésothéliome). Ces effets n'ont été mis en évidence que progressivement au cours des 50 dernières années, car le temps d'incubation des pathologies est très long.
Sur le plan médical, contrairement au plomb, on ne connait
pas de seuil en dessous duquel l'amiante est inoffensif : on ne peut exclure
qu'une seule fibre d'amiante puisse produire un cancer.
Parmi les matériaux pouvant contenir de l'amiante (la nomenclature
en dénombre plus de 3000), tous ne présentent néanmoins
pas le même danger.
On distingue :
Cette classification est à pondérer avec le degré de dégradation du produit. En effet la présence d'un produit en mauvais état, friable ou non, implique toujours un risque d'émission de fibres d'amiante dans l'atmosphère.
L' heure de gloire de l'amiante en France s'étend entre les années 1950 et 1980. Les produits contenant de l'amiante jouissent alors d'une excellente réputation : certains matériaux sont vantés contenir de l'amiante alors qu'ils n'en contiennent pas, des artistes peignent sur de l'amiante-ciment, ...
A cette époque, le flocage, forme la plus nocive de l'amiante, est massivement utilisé comme protection coupe-feu. Il est obtenu par projection d'amiante pur ou en mélange sur un support (plafond, mur).
Les bâtiments les plus floqués sont les locaux professionnels,
les écoles, les hôpitaux ...
Les immeubles d'habitation sont en général épargnés
par l'amiante friable. En revanche leur construction ou leur rénovation
met en œuvre des produits non-friables contenant de l'amiante, tels l'amiante-ciment
(canalisations), la menuiserite (plaques) ou le vinyle-amiante (dalles de
sol).
Au fur et à mesure de la prise de conscience de la nocivité
de l'amiante, les pouvoirs publics ont promulgué des lois de plus
en plus strictes visant à protéger les habitants et les travailleurs.
Cette évolution, commencée en 1977, a abouti en 1997 à
l'interdiction de l'amiante
sous toutes ses formes et à l'instauration du diagnostic amiante
des bâtiments, avec obligation de désamiantage dans certains
cas (présence de flocages, calorifugeages ou faux-plafonds contenant
de l'amiante et dégradés).
Notons que la mobilité aérienne des fibres d'amiante et leur
résistance (elles ne sont détruites que par une température
> 2000 °C) en font un polluant potentiel majeur. Cela justifie les
précautions prises lors du désamiantage pour ne pas libérer
de fibres dans l'environnement (confinement avec sas de décontamination,
...). Sans ces mesures, il y aurait risque de faire plus de mal que de bien.